"Coco" et la mémoire familiale


« Coco » est un film d’animation Pixar illustrant tout en couleurs le souvenir accordé aux défunts, ce lien invisible entretenu entre le monde des vivants et le royaume des morts, ainsi que le lien entre les générations.

 

C'est un joli clin d’oeil aux transmissions familiales et à la Psychogénéalogie.

Le jeune Miguel, né dans une famille de chausseurs de père en fils, est contraint de renoncer à sa passion : devenir guitariste.

L’interdit de jouer d’un instrument ou d’écouter de la musique pèse sur la famille telle une malédiction depuis que le père de Coco, l’arrière arrière grand-père de Miguel, a quitté la maison pour accomplir son destin et devenir guitariste.

Et sans savoir ce qu’il devient, posant les bases d’un secret, la famille le bannit de la mémoire : il est interdit d’en parler.

Cette histoire émouvante montre l’impact des transmissions conscientes et inconscientes, ainsi que celui des loyautés invisibles.

Il pose également tout le poids du deuil non fait, et de l’amour non vécu : ils deviennent assourdissant en sourdine et continuent de venir titiller les vivants insidieusement tant que l’émotionnel est contenu.

Le non vécu - le non achevé - prend une place prépondérante dans l’inconscient familial. 

La mémoire familiale qui circule ici est fantasmée par la lourde absence de cet arrière arrière grand-père. Au fil des générations c'est l’abandon qui est mis en avant : l’homme  abandonne sa femme et sa fille Coco pour partir vivre son rêve.

Et les générations prennent très au sérieux ce mythe familial, se pliant aux injonctions transmises : devenir chausseur et ne jamais écouter ni jouer d’un instrument de musique.

Aucun membre de la famille ne déroge aux règles jusqu’à ce que le jeune Miguel vienne transgresser l’interdit.

Il ressent que quelque chose en lui vient remuer tout un émotionnel qui le pousse à réaliser ce pour quoi il sait être fait : devenir guitariste.

Miguel écoute son coeur et sa passion de jouer de la guitare devient plus forte que tout, bousculant toute la tradition familiale.

« Coco » réveille certaines émotions, souvent enfouies, d’autant plus que cela se passe dans un village au coeur du Mexique, bien connu pour sa traditionnelle fête des morts

« El Dia de Los Muertos ». C’est un très bel hommage à la culture mexicaine qui célèbre ses défunts entre le 1er et le 2 novembre autour de rassemblements familiaux, dans une très belle ambiance, très colorée et festive, avec musique et offrandes spécialement dédiées aux morts.

« Coco » interroge sur la place accordée à chacun au sein de la famille, ainsi que celle réservée aux ancêtres.

Il éclaire sur la transmission de l’histoire familiale avec ce qu’elle comporte de croyances, loyautés, interdits, secrets, obligations.

La mémoire familiale s’organise autour du souvenir et de ce qui en est gardé et/ou extrait pour ne pas souffrir, pour ne pas dire ce qui a fait mal.

« Coco », pour ne pas oublier d’où l’on vient, nos racines, car elles sont là et reviennent toujours, d’une façon ou d’une autre, se rappeler aux vivants afin de ne pas tomber dans l’oubli.

 

A nos ancêtres

et à ma Coco

Caroline Bablon