Je reprends ici le texte de Bert Hellinger décrivant tellement bien la douloureuse position du mouton noir, le vilain petit canard de la famille, celui qui est rejeté et qui ne se sent jamais à sa place.
Incompris car trop différent, il joue pourtant un rôle essentiel au sein de son arbre généalogique, il vient nettoyer les vieilles mémoires bien ancrées étouffant l’individualité dans sa liberté d’expression.
Le mouton noir est un mal aimé. Il ne répond pas aux injonctions ancestrales de l’arbre généalogique, il ne se fonde pas dans le terreau qui fait la trame de l’histoire familiale, sa différence dérange et il se débat pour en sortir.
Je reçois beaucoup de mouton noir en séance individuelle.
Et c’est par un cheminement souvent douloureux que leur travail personnel permet de comprendre et de mettre des mots sur ce rejet, cette altérité qui fait tant souffrir.
L'oeuvre du mouton noir fait transmuter les anciennes pensées sclérosantes : en s’autorisant à vivre ce qu’il sait au fond de lui être son essence, il fait sauter les verrous des croyances limitantes et ouvre les portes de tous les possibles.
En sortant des ornières il fait un ménage tout en profondeur des vieux schémas familiaux stigmatisants et enfermants.
Le système familial a sa raison d’être mais il ne tient pas toujours compte de l’originalité des membres qui le composent.
Combien de personnes sont-elles passées à côté de leur chemin de vie car elles sont restées coincées dans les codes établispar le clan et maintenus de génération en génération ?
Bravo à toi, mouton noir !
Ta rébellion secoue les branches endormies de ton arbre, tu le fais renaître et tu invites ainsi chacun à vivre sa propre réalisation !
Texte de Bert Helinger
LE MOUTON NOIR DE LA FAMILLE
« Les soi-disant “moutons noirs” de la famille sont en fait des chercheurs de chemins de libération pour l’arbre généalogique. Les membres de l’arbre qui ne s’adaptent pas aux normes ou aux traditions du système familial, ceux qui, depuis tout petits, cherchaient constamment à révolutionner les croyances, allant à l’encontre des chemins marqués par les traditions rejetés, ceux-là, critiqués, jugés et même rejetés, sont généralement des appels à libérer l’arbre d’histoires répétitives qui ont frustrés des générations entières.
Les “brebis noires”, celles qui ne s’adaptent pas, celles qui crient leur rébellion , jouent un rôle de base dans chaque système familial, elles réparent, désintoxiquent et créent une nouvelle branche pleine de fleurs dans l’arbre généalogique. Grâce à ces membres, nos arbres renouvellent leurs racines. Sa rébellion est terre fertile, sa folie est eau qui nourrit, son entêtement est air nouveau, sa passion est le feu qui rallume le cœur des ancêtres. D’innombrables désirs réprimés, de rêves non réalisés, de talents frustrés de nos ancêtres se manifestent dans la rébellion de ces moutons noirs cherchant à se réaliser.
L’arbre généalogique, par inertie, veut continuer à maintenir le cours castrateur et toxique de son tronc, ce qui rend la tâche de nos brebis difficile et conflictuelle. Mais qui apporterait de nouvelles fleurs à notre arbre, sinon elles ? Qui créerait de nouvelles branches ? Sans elles, les rêves non réalisés de ceux qui soutiennent l’arbre des générations en arrière seraient enterrés sous leurs propres racines. Que personne ne te fasse douter, soigne ta “rareté” comme la fleur la plus précieuse de ton arbre. Tu es le rêve réalisé de tous tes ancêtres. »
Bert Hellinger
Traduit de : Espagnol
Texte paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 228